Depuis les 35 dernières années, plusieurs chercheur(e)s ont travaillé sur l’automédication chez les primates non humains et ont expliqué la manifestation de certains comportements par l’automédication thérapeutique ou prophylactique. Toutefois, une analyse attentive de ces études révèle qu’elles sont souvent teintées d’anthropomorphisme, qu’elles présentent des lacunes quantitatives et qu’elles reposent parfois sur des suppositions, et non sur des preuves. Pour ces raisons, nous proposons dans un premier temps une revue critique des études sur l’ingestion de feuilles, sur la géophagie, sur le frottement de fourrure et sur l’évitement des contaminations fécales. Par ailleurs, puisqu’aucune étude à notre connaissance ne s’est vraiment attardée aux mécanismes qui pourraient expliquer la présence de comportements automédicaux, nous nous attardons dans un deuxième temps aux mécanismes de l’apprentissage individuel (par conditionnement opérant) et de l’apprentissage social (et à la question de culture proprement automédicale). Une analyse ayant ces deux objectifs révèle l’existence de mécanismes pouvant expliquer l’automédication et, par conséquent, l’existence probable de comportements automédicaux, mais invite malgré tout à la patience : de nouvelles études sur le sujet s’avèrent essentielles.