Cette étude pilote est la première à évaluer la répercussion de la manipulation de la menace d’évaluation sociale (MES) sur l’efficacité d’un protocole d’induction de la honte écrit. Nous avons réparti au hasard 70 participants selon trois protocoles (sauf n= 5, groupe de contrôle non aléatoire): un protocole d’induction de honte écrit pour lequel on a dit aux participants que leurs réponses seraient a) lues (protocole avec manipulation de la menace [MES]); n= 25); ou b) déchiquetées aussitôt (protocole sans manipulation [Sans MES]); n= 25; ou c) un protocole de contrôle pour lequel les participants ont écrit objectivement leurs 24 dernières heures (protocole de contrôle [PC]; n= 20). Le niveau de honte a été mesuré immédiatement avant et après les protocoles. Il augmentait significativement en réponse à la MES (Pré: 2, 89±0, 1; Post: 3, 91±0, 1; p< 0,001) et protocole Sans MES (Pré: 3, 00±0, 1; Post: 4, 08±0, 1; p< 0,001), mais pas le protocole de contrôle (Pré: 2, 87±0, 1; Post: 3, 00±0, 1; p= 0, 42). La réponse de honte ne différait pas entre les protocoles MES et Sans MES (Pré: p= 0, 99; Post: p= 0, 73). Le protocole d’induction de honte écrit qui a été utilisé dans cette étude, avec manipulation MES ou sans, est une méthode efficace d’induire le sentiment de honte qui pourrait servir dans les recherches en psychologie et en physiologie. Nous avons constaté que le protocole MES impliquait l’observation sociale (les réponses seront lues), ce qui comporte une éventuelle évaluation sociale négative. Les futures recherches sur la honte peuvent s’ appuyer sur cette étude pilote réalisée au moyen d’un petit échantillon en ajoutant des éléments d’évaluation sociale plus explicites et une quantification de la perception du participant de l’évaluation. On clarifiera ainsi notre compréhension grandissante du rôle de la MES dans la recherche sur l’induction de la honte.