Les études récentes ont montré que les facteurs linguistiques ont un impact sur les disfluences. L’objectif de cette étude est d’examiner la relation entre les disfluences et la complexité phonétique dans le vieillissement cognitif normal et dans le vieillissement pathologique de type Alzheimer. 40 patients atteints de la maladie d’Alzheimer et 38 sujets âgés sains appariés en âge, sexe et niveau socioculturel ont participé à cette étude. Les disfluences dans le discours spontané de ces deux groupes de sujets ont été analysées afin d’identifier les mots qui font l’objet de difficultés d’évocation. La complexité phonétique de ces occurrences problématiques et des occurrences non problématiques a été calculée à l’aide de l’Indice de complexité phonétique de Jakielski (2000). Les résultats montrent que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont tendance à utiliser des mots de complexité phonétique plus faible que les personnes âgées saines et que les disfluences n’apparaissent pas de façon aléatoire, les occurrences problématiques (i.e. précédés d’une disfluence) présentent un score de complexité phonétique plus élevé que pour les occurrences non problématiques. Cette étude montre que l’étude du langage dans la démence neurodégénérative, telle que la maladie d’Alzheimer, peut être utile pour affiner la connaissance sur la complexité linguistique et que l’Indice de complexité phonétique peut avoir un apport clinique en orthophonie pour une évaluation précise de la difficulté linguistique en prenant en compte le contexte phonétique de cette difficulté afin d’orienter les patients vers une remédiation adaptée. L’approfondissement et le développement d’un outil de calcul automatique de la complexité phonétique sont en cours afin d’ouvrir des perspectives de recherches sur un large éventail d’études en phonétique (e.g. développement langagier, Français Langue Etrangère, d’autres pathologies).