[PDF][PDF] Le franglais, épouvantail des ayatollahs de la langue

PA Mather - Revue Argument, 2015 - researchgate.net
Revue Argument, 2015researchgate.net
La conquête de l'Angleterre par les Normands en 1066 sonna le glas de la langue anglaise.
Introduite en Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons après la chute de l'Empire romain, la
langue de Beowulf allait être supplantée par le français, langue maternelle des
envahisseurs venus du continent. En effet, durant plus de deux siècles, la langue française
(ou du moins, le dialecte anglo-normand) serait la langue de l'État, des tribunaux, de la
noblesse et des lettrés. Le vieil anglais perdit son statut de langue écrite et fut relégué au …
La conquête de l’Angleterre par les Normands en 1066 sonna le glas de la langue anglaise. Introduite en Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons après la chute de l’Empire romain, la langue de Beowulf allait être supplantée par le français, langue maternelle des envahisseurs venus du continent. En effet, durant plus de deux siècles, la langue française (ou du moins, le dialecte anglo-normand) serait la langue de l’État, des tribunaux, de la noblesse et des lettrés. Le vieil anglais perdit son statut de langue écrite et fut relégué au registre familier, la langue d’un peuple essentiellement analphabète, dans un contexte de diglossie, c’est-à-dire un bilinguisme inégalitaire avec une variété «haute»(le français) et une variété «basse»(l’anglais). Pendant deux siècles, l’anglais cessa officiellement d’exister. Deux siècles plus tard se produisit un autre événement décisif pour le destin de la langue anglaise: en 1259, l’Angleterre perdit définitivement la Normandie (à l’exception des îles anglo-normandes), et la noblesse francophone, déjà bilingue et très minoritaire, adopta progressivement l’anglais comme langue maternelle. Il ne s’ agissait plus toutefois du vieil anglais du dixième siècle, mais du moyen-anglais du quatorzième siècle, langue orale et populaire, qui ne disposait d’aucun vocabulaire spécialisé dans les domaines du droit, de l’administration publique, des finances, domaines réservés au français jusqu’alors. Résultat: l’anglais, en reprenant ses droits, adopta des milliers de mots du français normand, afin d’assumer toutes les fonctions d’une langue nationale, écrite et officielle. De même que bon nombre de langues modernes empruntent aujourd’hui à l’anglais, langue de prestige par excellence en ce début de vingt et unième siècle, l’anglais médiéval a emprunté au français pour combler ses lacunes lexicales et se donner, pour ainsi dire, des lettres de noblesse. Certains auteurs ont même affirmé que l’anglais des quatorzième et quinzième siècles s’ était créolisé, tant il se métissa de milliers de mots, expressions et tournures étrangères, essentiellement françaises et latines1. À l’époque, plusieurs se lamentèrent de l’intrusion de tant de gallicismes et de latinismes en anglais. À titre d’exemple, vers 1540, l’intellectuel et homme d’État John Cheke écrivait:«I am of this opinion that our own tung should be written cleane and pure, unmixt and unmangeled with borowing of other tunges; wherein if we take not heed by tiim, ever borowing and never paying, she shall be fain to keep her house as bankrupt.»[traduction proposée:«Je suis d'avis que notre langue doit être écrite dans sa pureté, sans qu'on y mélange les emprunts des autres langues; si nous n'y prenons garde, à force d'emprunter sans jamais payer, nous ferons
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